Les études de santé, englobant des domaines variés tels que la médecine, la pharmacie, l’odontologie, la maïeutique, et les professions paramédicales et sociales, sont réputées pour leur sélectivité et leur réglementation stricte.
L’accès à ces filières demeure difficile d’accès, et ce, malgré les réformes mises en place pour les démocratiser. En 2020, 35 000 bacheliers se sont inscrits en PASS ou en L.AS mais seulement 24% d’entre eux ont accédé à la deuxième année d’études de santé. (L’Etat de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, N°17, juin 2024, MESR).
Les chiffres révèlent une disparité sociale marquée dans l’accès aux études de santé : en deuxième année, les étudiants issus de milieux favorisés (enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures) représentent une majorité écrasante de 66 %, tandis que les jeunes provenant de familles d’ouvriers ou d’employés ne représentent que 10% de l’effectif total (SIES, « Première année du premier cycle d’études de santé : évolution des parcours et de la réussite des étudiants », Note d’information du SIES, n°8, décembre 2023).
Il est donc crucial de mettre en place des initiatives pour réduire les inégalités et diversifier les profils dans les professions médicales, afin d’assurer une meilleure représentation de la population dans le secteur de la santé. Les étudiants, confrontés à des parcours longs et intensifs, doivent surmonter de nombreux obstacles, parmi lesquels les inégalités socio-économiques jouent un rôle prépondérant, limitant les chances de réussite des jeunes issus de milieux modestes.
Les défis rencontrés par les jeunes issus de milieux modestes
Le manque d’information sur les stratégies à mettre en place dès le lycée
Le manque de préparation et d’orientation vers les études de santé constitue un obstacle majeur pour les jeunes issus de milieux modestes. Ces élèves, souvent dépourvus des ressources nécessaires, ont du mal à se préparer efficacement pour accéder à ces filières exigeantes. En effet, les informations précises sur les parcours, les débouchés et les stratégies à adopter dès le lycée sont souvent moins accessibles à ceux qui n’ont pas l’appui de familles déjà familiarisées avec le système éducatif supérieur et ses exigences.
Cette difficulté est amplifiée par un phénomène de sous-représentation des étudiants de milieux modestes dans les études de santé. Créant un effet de miroir social, les élèves issus de milieux défavorisés peinent à se projeter dans ces carrières, faute de modèles auxquels s’identifier, et sont souvent découragés par une perception souvent élitiste de ces études.
Cette inégalité d’accès commence dès le lycée, où la préparation aux concours nécessite un encadrement intense et une connaissance approfondie des filières. Or, ces ressources — comme les cours particuliers, les prépas privées ou l’accès à des conseillers d’orientation spécialisés — sont généralement hors de portée des élèves issus de milieux modestes. Cela conduit à une moindre réussite de ces élèves en première année.
Les obstacles financiers
Les études de médecine en France représentent une charge financière importante en raison des dépenses liées au coût de la vie et à l’achat de matériel spécifique.
Les étudiants doivent faire face à des frais de vie élevés, incluant le logement, les transports et la nourriture. Selon l’UNEF, le coût de la vie étudiante a augmenté de 6,47 % en 2023, avec une dépense annuelle moyenne estimée à 12 048 €, une somme difficilement soutenable pour les familles aux revenus modestes (UNEF, 2023).
Bien que des aides existent, comme les bourses sur critères sociaux, elles sont souvent insuffisantes pour couvrir l’intégralité de ces dépenses. La durée (de 6 à 12 ans d’études) et la difficulté des études médicales rendent ces aides limitées pour répondre à leurs besoins financiers. Certains étudiants recourent à des prêts étudiants pour financer leurs études, qui peuvent atteindre des montants significatifs. Le prêt étudiant garanti par l’État permet ainsi d’emprunter jusqu’à 20 000 € sans caution personnelle ni conditions de ressources (Etudiant.gouv).
Tout au long du cursus, les difficultés financières sont un frein majeur : 25 % des étudiants en médecine envisagent d’abandonner leur cursus pour des raisons économiques et 46 % ne recommanderaient pas leur formation (Fondation de l’Académie de Médecine).
Quelles initiatives pour favoriser l’accès aux études de santé ?
L’accès aux études de santé pour les jeunes issus de milieux modestes reste un défi majeur en raison des nombreuses barrières socio-économiques. Cependant, des solutions existent pour favoriser leur inclusion dans ces filières exigeantes. Grâce à des initiatives concrètes et des partenariats stratégiques, de nombreux acteurs s’engagent activement pour offrir un soutien spécifique à ces jeunes. Ces actions visent à promouvoir l’égalité des chances et à garantir que ces étudiants, quel que soit leur milieu d’origine, puissent accéder à des études de santé et y réussir.
Télémaque s’engage pleinement en mettant en place des initiatives concrètes pour accompagner les jeunes dans leur parcours scolaire et professionnel. Illustrations avec quelques initiatives et témoignages encourageant nos jeunes filleuls et alumni vers la réussite dans leur parcours dans le domaine de la santé.
Un accompagnement individualisé renforcé pour nos alumni
Télémaque s’engage activement auprès des jeunes issus de milieux modestes, les accompagnant dans leur transition post-bac. Face à la précarité étudiante croissante, l’association offre un soutien personnalisé, couvrant les besoins académiques, moraux et financiers. L’équipe Télémaque Alumni assure un suivi continu, facilitant l’entrée dans les études supérieures et l’insertion professionnelle. Des partenariats avec des entreprises, des programmes de mentorat et un soutien à la santé mentale complètent cet accompagnement. L’objectif est de maximiser leurs chances de réussite, en leur offrant un accompagnement individualisé et pérenne. L’un des exemples les plus marquants est la Bourse Judith et Maurice de Botton, mise en place en 2021.
La Bourse Judith et Maurice de Botton pour encourager la réussite des jeunes filles scientifiques
Les femmes sont encore trop peu présentes dans les études scientifiques (35 % des étudiants, selon l’UNESCO). C’est pourquoi depuis 4 ans, Colette Lewiner, ingénieure et femmes d’affaires, a souhaité favoriser la réussite de jeunes filles issues de milieux modestes dans des filières scientifiques d’excellence.
La Bourse Judith et Maurice de Botton offre un soutien financier et un accompagnement personnalisé visant à sécuriser leurs deux premières années d’études post-bac, où le taux de réorientation est plus élevé. Les jeunes femmes sélectionnées bénéficient de mentorat, de coachings ainsi que des conseils d’une communauté de pairs animée Amina Sine, étudiante en Master 1 Biologie-santé plateforme Génétique/Biologie moléculaire et cellulaire à l’Université Paris-Saclay et Rania Mohamed, étudiante en médecine à l’Université Paris Cité, elles-mêmes anciennes lauréates.
Depuis le lancement de la Bourse en 2021, 51 jeunes filles ont été soutenues, dont près de la moitié (48%) se sont orientées vers les sciences de la santé, la biologie et la chimie, 28% vers l’ingénierie et les sciences et 22% vers la médecine.
Le programme a ainsi favorisé l’accès des jeunes filles de milieux modestes aux filières scientifiques, avec un taux de réussite remarquable, puisqu’une seule lauréate a souhaité se réorienter. À la rentrée 2025, 11 jeunes filles viendront rejoindre les rangs des 51 lauréates accompagnées depuis 2021.
« Les études de santé par tous et pour tous » avec La Fondation de l’Académie de Médecine
Ce programme, destiné aux étudiants en santé issus des territoires ruraux et des Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP), vise à promouvoir l’égalité des chances, encourager la mobilité sociale et soutenir leur épanouissement personnel et professionnel. Il propose des bourses solidaires pour couvrir les dépenses importantes (matériel, logement, etc.) des étudiants en médecine et pharmacie, un mentorat pour lycéens et étudiants, ainsi qu’une conférence annuelle à l’Académie nationale de médecine pour susciter des vocations.
Depuis 2022, Télémaque collabore avec la Fondation de l’Académie de Médecine afin de proposer un mentorat unique aux alumni et lycéens aspirant à des études de médecine. Ce partenariat mobilise 26 Académiciens, qui partagent non seulement leur expertise et expérience avec les étudiants, mais leur offrent également des opportunités de mise en relation avec des professionnels influents du secteur médical. Cela crée un réseau solide pour accompagner les jeunes tout au long de leur parcours, facilitant leur intégration dans un environnement parfois perçu comme inaccessible.
« Un partenariat réussi est celui dans lequel les parties prenantes s’impliquent pour grandir ensemble et partagent des valeurs communes. La Fondation de l’Académie de Médecine se réjouit de sa rencontre avec Télémaque et la Bourse Judith et Maurice de Botton. Grâce à l’expertise et à l’implication de chaque équipe, des relations de confiance se tissent progressivement entre les mentors académiciens et les jeunes lycéens et étudiant(e)s en médecine qui sont nos médecins de demain. Encore et toujours une histoire de belles rencontres ! » — Anne-Sophie de Lataillade, Directrice déléguée de la Fondation de l’Académie de Médecine
Pour célébrer ce partenariat, 13 jeunes Télémaque, issus de Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Nantes, Grenoble et Lille, étudiants en Parcours d’Accès Spécifique Santé, Licence Accès Santé, et 3ème année de médecine ont participé, à l’été 2024, aux rencontres du mentorat accueillis par la FAM et ses académiciens.
Au cours de cette journée, nos jeunes ont eu l’occasion de visiter de la Caserne Colombier de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, pour comprendre le rôle essentiel des médecins et pharmaciens en situation d’urgence. Pour clôturer ces échanges, une cérémonie de remise de diplômes s’est déroulée à l’Académie Nationale de Médecine de France pour encourager nos jeunes dans leur parcours de réussite.
« Cette journée m’a confortée dans mon choix et mon avenir. Tout le monde nous encourageait à viser plus haut et à ne pas abandonner nos rêves. La visite de l’Académie de Médecine et la rencontre avec les Académiciens m’ont encore plus motivée à poursuivre mes études de médecine et à réaliser mon rêve. Échanger avec des docteurs qui connaissent bien les avantages et les inconvénients de leurs spécialités était très enrichissant ! » — Une alumni Télémaque
Poursuivre des études de santé grâce à Médisup
Depuis 2024, Télémaque intensifie son soutien aux élèves se destinant à des études médicales dans le cadre d’un partenariat avec Médisup, une école spécialisée dans la préparation aux études de santé.
Ce partenariat vise à encourager les vocations et à ouvrir les portes des études de santé aux jeunes issus de milieux modestes.
Des actions concrètes pour accompagner les futurs médecins :
- Préparation dès le lycée : 19 lycéens de Première et de Terminale bénéficient de stages intensifs pendant les vacances scolaires et les samedis (pour les élèves de Terminale). Ces stages leur permettent de se familiariser avec les exigences, notamment au niveau de la méthodologie, des études de santé, de découvrir de nouvelles matières et de maîtriser les stratégies d’orientation sur Parcoursup.
- Soutien intensif en 1ère année de médecine : En août 2024, 10 bacheliers ont participé à un stage de pré-rentrée de 52 heures, et 9 d’entre eux ont suivi un accompagnement de 200 heures tout au long de leur première année de médecine, en complément de leurs cours universitaires.
Assurer une meilleure représentation de la population dans le secteur de la santé
L’accès aux études de santé est souvent entravé par des barrières financières et sociales. En apportant un soutien financier, moral et académique, les initiatives de Télémaque et de ses partenaires contribuent à diversifier le corps médical en permettant à des jeunes de tous horizons de réaliser leur potentiel.